Tebas Land s’inspire du mythe antique d’Œdipe et de la vie du saint Européen Martin au IVe siècle ; c’est d’autre part une affaire judiciaire créée et imaginée par l’auteur. Il est question du jugement et de l’emprisonnement d’un jeune parricide, Martín Santos, figure centrale et prismatique. Martín a tué son père de vingt et un coups de fourchette et porte un chapelet de pétales de rose que lui a offert sa mère. Le corps assassin, le corps abusé et le corps érotique forment un seul et même lieu chez Blanco, celui d’une parole qu’il est sans cesse urgent de formuler.
Ce texte est aussi le récit dramatique d’un auteur qui se rend en prison — où il retrouve régulièrement le jeune parricide sur un terrain de basketball. Il s’entretient avec lui dans le but d’écrire son œuvre, mais aussi dans l’optique de le voir jouer son propre rôle. Progressivement, ce n’est pas tant la scène du crime que sa représentation scénique qui s’avère invraisemblable. La question « comment peut-on tuer quelqu’un » devient « comment représenter un criminel, une personne qui tue une autre personne ? » Entre reconstitution d’un meurtre et enquête sur l’amour filial, le labyrinthe des mots se déploie à travers ce remarquable drame contemporain.
Sergio Blanco est un dramaturge et metteur en scène franco-uruguayen, né à Montevideo et installé à Paris. Son œuvre, fondée sur l’autofiction et le brouillage entre auteur, acteur et personnage, est jouée dans de nombreux pays et traduite en plus de quinze langues.
Il a reçu plusieurs distinctions internationales majeures, dont deux prix Off West End à Londres (Tebas Land, La colère de Narcisse), ainsi que le Prix Alas et la médaille Morosoli en Uruguay pour l’ensemble de son parcours.
Parmi ses textes les plus emblématiques figurent Tebas Land, Kassandra, Cuando pases sur ma tombe, Le brame de Düsseldorf et Tráfico, présentés dans de nombreuses institutions théâtrales à travers le monde.
Ses dernières créations incluent COVID451 (2020), Divina invención (Madrid, 2021), Zoo (Piccolo Teatro de Milan, 2022), Tierra (Montevideo, 2023), Confesiones (2024), et un opéra tiré de Kassandra, créé au Teatro Colón de Buenos Aires en coproduction avec le Greek National Opera.
Né en 1969 à Paris, Philippe Koscheleff est le traducteur attitré de l’œuvre de Sergio Blanco en français, dont Tebas Land, La colère de Narcisse, Kassandra et Tráfico, tous publiés chez Actualités Éditions.
Ancien professeur de mathématiques en Seine-Saint-Denis, il se consacre depuis 2019 à l’accompagnement artistique et international du dramaturge franco-uruguayen. En plus de ses traductions, il intervient régulièrement sur les créations scéniques de Blanco, en tant que collaborateur artistique et designer vidéo (Memento Mori, COVID-451, Divina invención, Confesiones).
Il joue un rôle actif dans la circulation des œuvres à l’échelle mondiale et dans la structuration de leur rayonnement.