Toutes les nuits d’un jour est un hymne à l’impossible amour. Aux dires de l’auteur, il s’agit d’un mélodrame vénéneux sur l’incapacité d’aimer après avoir souffert de violences sexuelles. Samuel, un jardinier, vit seul dans une serre, un îlot au milieu de lotissements modernes. Il répond à l’interrogatoire d’un agent de police à la recherche de Silvia, la propriétaire, dont le corps est enfoui sous la terre, et qui resurgit tel un fantôme. Mais que cache le drame de cette mort ? Une femme violée par son frère ? Son impossible résilience ? Son unique désir est celui d’être enterrée par Samuel pour que la douleur qu’elle abrite se dissolve dans la terre et que son corps s’enchevêtre avec les racines des plantes, les sculptures vivantes de Samuel.
Cette cosmogonie donne tout son sens à la pièce-palimpseste. La métaphore du nœud gordien qui souderait ces multiples vies et cette disparition, ce sont les racines des orchidées qui peuplent la serre et poussent au-dedans du cœur quand celui-ci ne peut plus respirer à l’unisson de l’être aimé.
Comme dans tous les textes de Conejero, des puissances extérieures régissent nos existences. Elles sont enfouies dans la nature, qui doit bien reprendre ses droits.
Né à Jaen en 1978, Alberto Conejero est un auteur de théâtre espagnol de renommée internationale. Il s’inscrit dans la lignée de Juan Mayorga : véritable poète de la scène, il réhabilite le texte au théâtre, pour ne pas dire de la fiction, sans cesse mise en danger.
Metteur en scène, traducteur de l’espagnol avant de devenir éditeur, David Ferré est diplômé en Mise en scène et Dramaturgie. La traduction théâtrale de jeunes auteurs émergents constitue une de ses principales activités.