Ces deux nouveaux textes du célèbre duo espagnol El Conde de Torrefiel explorent deux types de performance : théâtrale et sexuelle.
LA PLAZA s’apparente à un texte-paysage où autrui constitue une image superficielle. Là est le paradoxe. Ainsi, les mécanismes narratifs, entre projections collectives et fantasmes personnels, structurent le lieu névralgique où se font face la conscience du monde, l’histoire et la projection vers un futur plus ou moins déjà vécu. Ces images puisent leur force dans une langue puissante dont les séquences s’imbriquent pour se retourner vers nous, individus esseulés dans l’océan d’une salle de théâtre alors devenue métaphore du monde.
KULTUR est un spin-off de LA PLAZA à partir d’une situation littéraire précise : c’est le soliloque d’une jeune romancière qui ne veut pas faire comme les autres et qui pourtant, doit suivre les lignes tracées par les archétypes de notre monde contemporain : succès, désir, solitude et nature plastifiée. Cet enchâssement commence par le besoin qu’éprouve notre belle héroïne moderne de se vider la tête pour s’autocontempler avant de se mettre à écrire. La fiction qu’elle dépeint, notamment le casting porno auquel elle est convoquée, se transforme en un miroir dans lequel elle bascule pour former sa propre image sur un futur plateau, celui du théâtre ou celui de la vie.
Pablo Gisbert écrit ses textes aux côtés de Tanya Beyeler pour leur compagnie El Conde de Torrefiel, un projet artistique pour la scène entre littérature, arts plastiques et chorégraphie. Toutes leurs pièces ont été présentées dans de nombreux festivals européens, asiatiques et américains. L’écriture de Pablo Gisbert naît de la scène et lui est destinée. Le principe y est celui de la dissociation entre geste et parole, provoquant une sorte d’incertitude énonciative mais au point de mire précis. Le statut du texte ainsi modifié provoque à la fois des jeux d’optique et d’acoustique prismatiques.
Pablo Gisbert est un des dramaturges les plus représentatifs de son pays, et s’inscrit mondialement dans la mouvance post-moderne. Sa culture littéraire et scénique hors pair lui permet de faire face aux enjeux contemporains du théâtre.
Marion Cousin est traductrice de théâtre hispanophone. Docteure en études théâtrales, elle est spécialiste de la scène contemporaine espagnole et du texte né de la scène. Elle accompagne des artistes espagnols et catalans dans le surtitrage de leurs pièces. Elle est aussi musicienne au sein du quatuor de Borja Flames et du duo Catalina Matorral pour lequel elle écrit, et se consacre aux chants anciens de la péninsule ibérique avec le violoncelliste Gaspar Claus et le duo Kaumwald.