Concerto pour l’accumulation s’apparente à un auto sacramental profane, s’il en est, et nous interroge sur comment faire pour se dépêtrer de soi-même.
Une mite, un piranha, une hyène… des êtres humains qui ont abandonné leur humanité pour se lover dans l’animalité et la dévoration. Ils conservent, accumulent, s’approprient tout et n’importe quoi, vivent dans l’excès. Les dramatis personæ sont autant de fragments qui ensemble forment une seule et même entité. La pièce est écrite depuis le mouvement, le rythme et la composition animale. Avec le corps. Écrite pour des prédateurs. Les mots y ont l’odeur de la pauvreté mais ils acquièrent une visée transformatrice donnant toute son ampleur dramatique à ce texte stratifié.
Pour nous donner à voir cette accumulation matérielle, sentimentale et métaphysique qui nous construit et nous étouffe à la fois, l’autrice nous propose des variations poétiques qui creusent inlassablement leur propre néant, tel un forage, nous menant vers une béance bien connue et pourtant bien triste. C’est ainsi qu’elle nous invite à affleurer à la surface de nos prisons, qui ne sont que les strates d’une guerre vaine et inutile, pour laisser place au chant de l’amour, d’autrui et du monde.
Cristina Peregrina est une artiste engagée. De fait, en 2007, elle crée avec David Puig un groupe artistique et de recherche théâtrale dans une claire orientation poétique et citoyenne, Los Hedonistas. Elle y organise de nombreuses activités pédagogiques, particulièrement autour de l’enfance, et inscrit de plus en plus son écriture dans des projets à vocation sociale dans le cadre des nouvelles pratiques urbaines.
Elle travaille actuellement aux éditions Kókinos où elle édite l’œuvre de l’écrivaine Astrid Lindgren. Signalons qu’elle a aussi porté le projet urbain « Tomber amoureuse d’un terrain vague », réalisé avec les habitants de son quartier, La Latina, à Madrid.
Marion Cousin est traductrice de théâtre hispanophone. Docteure en études théâtrales, elle est spécialiste de la scène contemporaine espagnole et du texte né de la scène. Elle accompagne des artistes espagnols et catalans dans le surtitrage de leurs pièces. Elle est aussi musicienne au sein du quatuor de Borja Flames et du duo Catalina Matorral pour lequel elle écrit, et se consacre aux chants anciens de la péninsule ibérique avec le violoncelliste Gaspar Claus et le duo Kaumwald.