De la poésie, pas des enfants ! est un récit dramatique autour de la figure de Delmira Agustini, célèbre poétesse uruguayenne, assassinée de deux balles dans la tête au début du siècle dernier par son époux, alors commissaire priseur à Montevideo.
La dramaturgie est ici celle d’un carrousel, diamétralement opposée à une conception linéaire du temps. Le premier acte relate l’assassinat de la poétesse. Au deuxième, les interprètes (la famille de Delmira, bourgeoise, et son mari, qui l’est moins) tentent de reconstruire l’espace intime et domestique du couple, les pièces du foyer, et comment l’homme et la femme s’y déplaçaient — tels des pantins —, pour reconstituer le meurtre et ses circonstances. En quoi les différences de sexe et de classe marquent-elles un combat qui ne prendra jamais fin ? La reconstitution, pourtant, est vaine. La réalité n’est pas reconstructible et la mémoire, bien qu’elle opère à partir d’empreintes externes, demeure subjective.
Le dernier acte joue la mise aux enchères fictives des affaires personnelles de la poétesse. Que disent les objets de nos vies ? Le mécanisme hégémonique d’une vérité universelle est questionné par une dramaturge inquiète du sort fait au souvenir des femmes et des hommes, de l’humanité en somme et de ses travers.
Marianella Morena (Sarandí Grande, 1968) est autrice, metteuse en scène, enseignante et écrit pour la presse. C’est l’une des figures majeures du paysage théâtral uruguayen et elle a reçu de nombreux prix internationaux.
Metteur en scène, traducteur de l’espagnol avant de devenir éditeur, David Ferré est diplômé en Mise en scène et Dramaturgie. La traduction théâtrale de jeunes auteurs émergents constitue une de ses principales activités.