Eudy rend hommage à la mémoire d’Eudy Simelane, capitaine de l’équipe nationale de football féminin d’Afrique du Sud, les Banyana Banyana. Sportive de haut rang, consacrée dans son pays, elle a été violée puis assassinée peu avant que l’Afrique du Sud n’accueille la Coupe du monde en 2010 parce qu’elle dérogeait aux normes de genre et défendait les droits des personnes LGBTIQ.
Mêlant fiction, biographie et portrait historique d’un pays, Eudy aborde les rêves et les espoirs de celles et ceux qui croient en une existence fondée sur le respect, la liberté et la recherche du bonheur. Comme dans l’ensemble de son œuvre, Pascual élabore sa dramaturgie à partir de mythes, entre autres ici le football, les rites africains, Mandela. Les imaginaires lesbiens s’insèrent dans ces mythifications, les démystifient, leur résistent ou en créent de nouveaux à l’intérieur et à l’extérieur du système théâtral complexe proposé.
Le texte reprend la forme d’une tragédie autour de la figure d’Eudy qui devient par là même héroïque. Progressivement, un chœur tragique chante des tréfonds de l’humanité la noirceur de son destin qui se confronte non pas à sa famille mais au monde extérieur, celui forgé par une société patriarcale et archaïque. Le sang coulera, mais toujours en coulisse, et c’est ainsi que la structure d’une tragédie contemporaine se déplie sous nos yeux
Itziar Pascual est une des auteures de théâtre les plus importantes de sa génération. Elle est titulaire d’un doctorat en sciences de l’information de l’UCM (2010 – Madrid) et d’un diplôme en mise en scène et dramaturgie de la RESAD (1996 – Madrid). Lauréate du « Prix national 2019 des arts de la scène pour les enfants et les jeunes », elle est enseignante et chercheuse. Son travail de journaliste culturelle lui a valu le prix Paco Rabal et elle a été présidente de l’association AMAEM Marías Guerreras. Après une première étape où le traitement contemporain des mythes a été une clé significative, elle s’est orientée vers la visibilité de femmes dont l’apport à la culture est souvent sous-estimé (Rosa Parks, Wangari Maathai, María Zambrano, Rosa Helena Lovo).
Marie-Pierre Rosier vit et travaille à Lausanne. Son doctorat en Études hispaniques (université Lyon 2 – 2014) traite des interactions entre littérature, mémoire et résistance dans les œuvres d’anciennes détenues sous le terrorisme d’État argentin, comme Sara Rosenberg, Alicia Kozameh et Nora Strejilevich.
Depuis août 2021, elle est chercheuse dans la section d’espagnol de l’université de Lausanne, dans le cadre du projet de recherche Imaginaires lesbiens dans la littérature en espagnol (2005-2020), initié en collaboration avec Gabriela Cordone (UNIL), et avec qui elle a co-fondé le groupe de recherche ILLEs.