Nous sommes d’abord à la campagne, en face d’une scène typique des années 1990, celle d’un barbecue familial qui illustre à merveille notre société postindustrielle : loisirs, superficialité, joie, malentendus, rêve et maladie. Mais voilà, la jeune fille de la famille s’éloigne et trouve appui sur un arbre. Cette fusion des deux êtres constitue le corps invisible du texte. L’adolescente va progressivement défaire le nœud gordien qui unit les « clans », constitués de liens ancestraux en prise avec les contradictions de la religion, de la politique, de l’économie et de la société. L’auteure se penche sur les rapports de cause à effet entre nos pensées et nos actes, nos idées et nos représentations, individuelles et collectives.
Il y a une correspondance entre la violence émotionnelle et sexuelle, et celle faite à l’environnement. Ainsi, l’exploitation de la nature humaine, animale et environnementale relève du même geste d’autodestruction de l’humanité, qui puise sa source dans les lointaines origines du langage. C’est bel et bien un puits que creuse ce texte, au gré de fragments reliés par la voix de ce qui disparaît et réapparaît, pour qu’affleure la vie sur le futur plateau du théâtre.
© Fabián Suárez
María Velasco (Burgos — 1984) est une des figures les plus importantes de la scène contemporaine espagnole, comptant une oeuvre singulière et prolixe dans la lignée esthétique postmoderne. Son travail d’écriture s’allie à celui de l’art de la mise en scène, créant un fort dialogue entre les deux. Elle est diplômée en mise en scène et dramaturgie de la RESAD (2004 — Madrid) et en art de la scène et art visuel (2011 — Museo Nacional Centro de Arte
Reina Sofía — Université d’Alcalá) et a soutenu une thèse sur Angélica Liddell (2011 — université Complutense). Elle se consacre à la transmission avec la mise en place d’ateliers dramaturgiques qui s’articulent autour de son oeuvre tout en la nourrissant.
© David Ferré
Avant de devenir éditeur, David Ferré est metteur en scène diplômé par la RESAD, le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Madrid (1998). Il fera ensuite ses classes au CDN de Madrid. En France, il accompagne Christophe Huysman (2003 du festival d’Avignon) et crée deux pièces pluridisciplinaires avec sa compagnie Sans Voies (Villette, TCI, CDN Strasbourg, MGI). Il a créé Actualités Éditions (2008 — plateforme éditoriale qui, par le biais des écritures, met en relation différents acteurs culturels et artistiques) dans le but de faciliter la circulation des auteurs hispanophones pour la scène du XXI° en France. À ce jour, il dirige toutes les collections (espagnole, cubaine, mexicaine, uruguayenne).
La traduction théâtrale d’auteurs hispanophones contemporains et émergents constitue sa principale activité. Il amorce cette activité en 2003 avec Juan Mayorga aux AET d’Orléans (Le Traducteur de Blumemberg). Puis il traduit Les Racines coupées et L’Architecte et l’Horloger de Jerónimo López Mozo, Temps réel d’Albert Mestres, Barbarie, 45’ de Sergio Blanco (Kiev, Opus sextum, Diptiko).
Tous les ans, il est invité à participer aux séances de travail sur la traduction mises en place par la Muestra de Alicante et à différentes journées professionnelles sur la traduction théâtrale pour le théâtre d’aujourd’hui.
Il fait partie du comité exécutif du P.E.N club français, et il y préside le Comité pour la Traduction et la diversité linguistique. Il co-coordonne le Comité hispanique du réseau EURODRAM dont il est vice-président.
En 2010, il a dirigé l’ouvrage Théâtre espagnol : les écritures émergentes – Ed. de l’Amandier, en 2010. En 2013, il traduit et publie quatre auteurs mexicains dans le cadre de France-Mexique : écrire le théâtre aujourd’hui (Veronica Musalem, Itzel Lara, Noé Morales et Alberto Villarreal). Une présentation performative (MGI — 2013, Paris) marque la singularité de sa conception de traducteur. En outre, il a traduit trois textes de Luis Ayhllon (Mexique).
Dans le domaine de l’enseignement, il s’interroge sur les multiples formes du théâtre contemporain. Il enseigne la dramaturgie à l’EnsaLab (ENSAD), à l’Institut Télécom – Paris et à l’ESCPI-Paris. Il développe de nombreux workshops sur l’écriture, notamment avec l’Instituto Cervantes. Il a co-créé le cursus Maquette & Sculpture numérique (Strate, École de design (2004-2012) et le pôle Écriture.