Je ne me souviens toujours pas de son visage parle de notre attachement à la terre et à sa mémoire, de l’expropriation à l’expulsion. Sous forme de conte dramatique et d’hyperbole, la violence y est sans commune mesure, nous donnant à voir la dévastation du territoire mexicain. Jamais frontale, toujours avec délicatesse, l’œuvre construit elle-même ses images bien qu’elle s’appuie sur un fait avéré, celui des villages dits magiques, pour composer un tableau autonome de son origine. Les personnages, abandonnés au milieu d’une guerre invisible sont victimes des narcotrafiquants. Les complices, eux, sont flous, moins tangibles.
La routine du village de Mier est brisée lorsqu’une tête apparaît, littéralement, au bord d’une route, à titre d’avertissement. Elle parle, mais ne se souvient plus de son âge. Elle est là depuis toujours dit-elle, cette tête. Elle est une preuve du crime organisé, et devient la protagoniste de ce drame de facture surréaliste qui rompt tous les codes de la vraisemblance pour nous mener dans un espace imaginaire où dignité et solitude vont main dans la main.
Lara reprend le dispositif dramaturgique d’une œuvre parlante, tout comme le programme gouvernemental « Magical town » destiné à stimuler le tourisme dans certaines villes.
Itzel Lara (née en 1980 à Mexico) est une des figures les plus singulières, et remarquées, de sa génération.
Metteur en scène, traducteur de l’espagnol avant de devenir éditeur, David Ferré est diplômé en Mise en scène et Dramaturgie. La traduction théâtrale de jeunes auteurs émergents constitue une de ses principales activités.