La Maison brûle s’appuie sur les motifs dramatiques de la célèbre pièce de Lorca pour faire du foyer familial un espace micro-fasciste clos sur lui-même. Bernarda, c’est la Mère nourricière qui empêche le désir, qui castre les vivants.
Plus qu’une interprétation de la fable, ce texte propose un accès à des matériaux politiques et esthétiques dans le but de nous dévoiler les arcanes de notre société. C’est une réflexion poétique sur la domination, et dont la langue constitue la structure première.
Les éléments dramatiques du poète andalou se voient confrontés à des produits pharmaceutiques, à des mythes grecs, aux textes de Claude Lévi-Strauss, à Fantaisies masculines du sociologue Klaus Theweleit, ou encore à L’Invention de l’hystérie de Georges Didi-Huberman. En outre, sa dramaturgie met en œuvre l’univers visuel et textuel de l’artiste new-yorkais Henry Darger, la musique de Gustav Mahler ou le film américain Little Miss Perfect. Ces matériaux forment un dispositif dramaturgique qui permet de mettre en exergue — d’un point de vue dramatique — l’oppression du monde modélisé par le langage et le discours, la fiction y demeurant une interrogation.
Fidèle à son style d’écriture franc, Emilio García Wehbi compose un nouveau paysage de l’œuvre, un topos, qui selon lui définit le théâtre. Ainsi, les lecteurs doivent s’orienter par eux-mêmes car la notion d’origine, textuelle ou mythique, y est constamment déplacée par le truchement post-dramatique d’un dispositif à la frontière de l’art contemporain et du théâtre : seuls le regard et l’écoute du public seront en mesure de l’évaluer.
© Nora Lezano
Emilio García Wehbi est un artiste interdisciplinaire qui travaille au croisement de plusieurs langages artistiques. En 1989, il fonde le collectif El Periférico de Objetos, groupe emblématique de renommée internationale du théâtre argentin.
Auteur majeur de la scène argentine, il a publié des textes qui font office de manifeste sur le théâtre d’aujourd’hui et du nouveau rapport à la scène entre texte et public, notamment par le biais d’un théâtre que l’on peut qualifier de théâtre d’objets, à la lisière de l’installation. Pour autant, son œuvre revêt une qualité littéraire et s’inscrit dans une certaine tradition théâtrale qui manie les textes classiques comme des matériaux d’écriture.
Le texte original est publié chez Ediciones DocumentA/Escénicas, une des maisons les plus prestigieuses d’Argentine.
Rétrospective de son œuvre :
https://blogjmpblog.wordpress.com/2021/01/04/emilio-garcia-wehbi-retrospective-1990-2020/
Son site :
www.emiliogarciawehbi.com.ar
Son Instagram
https://www.instagram.com/garciawehbi/
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