Opéra de trois têtes dans le pavillon du silence s’inspire du triptyque Three Studies for Figures at the Base of a Crucifixion du peintre Francis Bacon. Ce texte, qui s’apparente à un paysage, un topos, interroge notre identité et nos origines sous la forme d’une partition graphique à la John Cage dans le cadre d’une conférence performative.
Le lecteur-spectateur assiste à la naissance de trois individus, générant le chaos analogue à celui de la Tour de Babel.
Trois têtes sans visage devisent, non sans humour, sur le bruit et le sens des mots dans l’espace clos et vide d’une scène. Les paroles qui émergent lentement de l’Indifférencié, du magma universel, construisent l’armature d’un conflit centré sur la liberté : pouvons-nous nous échapper dès lors que nous sommes identifiés et identifiables par un système social, une machinerie ? Nous sommes proches du théâtre de l’absurde, du vide et du trop-plein. Peu à peu, ces têtes acquièrent un visage, les mots s’organisent en syntaxes, et par là-même deviennent des fragments de fiction. Et des rapports de force.
D’une forme radicalement atypique dans le paysage des écritures contemporaines, ce texte allie la force des philosophies orientales traditionnelles et occidentales contemporaines.
Minke Wang (Wenzhou, Chine, 1978) qui fut contraint de s’exiler avec sa famille, vit à Madrid depuis l’âge de dix ans. L’ensemble de son œuvre est écrit en castillan. La recherche de soi et du monde par la langue constitue une caractéristique majeure d’un travail, qui, outre une approche philosophique, confronte inlassablement le fondement de nos civilisations.
Metteur en scène, traducteur de l’espagnol avant de devenir éditeur, David Ferré est diplômé en Mise en scène et Dramaturgie. La traduction théâtrale de jeunes auteurs émergents constitue une de ses principales activités.