Summer evening prend comme point de départ le tableau homonyme du peintre américain Edward Hopper, où un homme et une femme bavardent un soir d’été sous la véranda d’une villa. De ce tableau, qu’il convient de garder constamment en mémoire et « où il ne se passe rien », Javier Vicedo Alós tire neuf récits, en imaginant ce que peuvent se dire et se raconter ces êtres énigmatiques, protagonistes de vies de solitude, de nostalgie, de rendez-vous ratés qui se brisent pour une raison ou une autre. Chacun renferme une infinité de mondes, mélange d’impuissance et de bonheur, de rage et de faim, soumis irrévocablement au hasard de la vie.
La dramaturgie y relève tant du champ poétique et pictural que dramaturgique. Elle empreinte la nature et la technique de l’ekphrasis, qui est une description hypnotique précise et détaillée d’un tableau.
Les personnages rêvent de bonheur, de se relever, de marcher sur la toile, de se toucher. « Nous n’existons que dans la tête de Hopper, nous ne sommes qu’un prétexte », se révolte l’un d’eux mais « le peintre ne maîtrise pas ses personnages et en fin de compte, peu importe ce que voulait Hopper, les histoires surgissent d’elles-mêmes selon leurs propres chemins hors de la toile. » Il est alors bien vrai que la folie guette notre immobilité.
Javier Vicedo Alós (Castellón, 1985) est un poète et dramaturge espagnol. Il compte de nombreux recueils de poèmes à son actif, et deux pièces théâtrales représentées dans de prestigieux théâtres d’Espagne. Une anthologie de ses poèmes a également été publiée en français sous le titre Insinuations sur fond de pluie (Ed. Fondencre, 2015). Docteur en philosophie, il considère que l’acquisition des rudiments du « métier » dans le domaine de la poésie et du théâtre peut entraîner paradoxalement un étranglement : « le poème doit demeurer un être inconnu de son auteur, un organisme qui a ses propres lois et résiste à être autre chose que lui-même. Il en va de même pour le théâtre ». Il dirige actuellement le festival de poésie Marpoética à Marbella.
Edouard Pons (1947) né à Madrid, de mère espagnole et de père français, a grandi et vécu dans les deux langues. Après une scolarité entre Madrid, Lisbonne et Tunis, il fait des études de Lettres supérieures au lycée Henri IV (Paris), et d’espagnol à la Sorbonne. Il parcourt l’Amérique Latine (1971-1973), du Mexique au Pérou, à pied, en camion, voire en pirogue, participe à la construction collective de maisons en adobe au Mexique, à la récolte du café en Équateur. Alors qu’il travaille comme journaliste à l’Agence France-Presse à Lima en 1974, il devient correspondant et directeur de plusieurs bureaux en Amérique Latine, en Espagne et au Portugal. Il est membre du comité castellano & gallego d’Eurodram.