Une vie américaine est un texte sur la liberté, les normes qu’elle engendre et ses illusions. Un camping aux environs de Minneapolis (USA), une vieille caravane où se trouvent Linda avec sa mère Paloma et sa froeur Robin Rose, voilà la famille Clarkson ! Une famille espagnole qui veut revoir Warren, dont est tombée amoureuse Paloma dans les années 80 à Madrid, le père de Linda et de Robin Rose. L’Américain leur avait promis une belle vie américaine, un eldorado mais il finit par les abandonner sans laisser aucune trace, aucun visage, aucun souvenir ni aucun nom.
L’idée même de filiation, en relation avec celle de l’Amérique et de l’Espagne, structure la dérive de ces personnages forts, dessinés dramatiquement, exemplaires aussi de la modernité queer dans un quartier populaire de Madrid : Paloma est devenue lesbienne, le fils gender-fluid, et tous aspirent, chacun à leur façon, à recréer une famille bâtie sur l’absence du père mais aussi sur une illusoire liberté individuelle.
La caravane y est l’image d’une sépulture où tous les récits s’entrecroisent
mais ne correspondent pas à la réalité, toujours hors de portée. La norme produite par l’affirmation des désirs s’oppose aux représentations de l’altérité, tant biographiques que communautaires.
L’explosion du genre dans l’espace social et politique est ici mise en jeu par de solides structures dramatiques : le monde peut s’écrouler, le théâtre, lui, tient debout.
©Heike Steinweg
Lucía Carballal est diplômée en dramaturgie de la RESAD (2003 – Madrid), de l’Institut del Teatre (2008– Barcelona) puis a suivi les cours de la Universität der Künste de Berlin en tant qu’auditrice invitée. Elle est aussi scénariste et anime des ateliers d’écriture à la Sala Beckett, la ECAM et La Casa Encendida de Madrid. Elle est l’auteure d’un théâtre critique sur l’histoire et le présent de son pays, où elle met en tension les structures individuelles et collectives dont nous sommes le champ de bataille. L’ensemble de son œuvre aborde l’identité dans le monde compétitif d’aujourd’hui. Ses textes explorent les contradictions de notre temps et les normes qui nous régissent, que ce soit dans les relations de couple, le travail ou encore la famille.
© David Ferré
Avant de devenir éditeur, David Ferré est metteur en scène diplômé par la RESAD, le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Madrid (1998). Il fera ensuite ses classes au CDN de Madrid. En France, il accompagne Christophe Huysman (2003 du festival d’Avignon) et crée deux pièces pluridisciplinaires avec sa compagnie Sans Voies (Villette, TCI, CDN Strasbourg, MGI). Il a créé Actualités Éditions (2008 — plateforme éditoriale qui, par le biais des écritures, met en relation différents acteurs culturels et artistiques) dans le but de faciliter la circulation des auteurs hispanophones pour la scène du XXI° en France. À ce jour, il dirige toutes les collections (espagnole, cubaine, mexicaine, uruguayenne).
La traduction théâtrale d’auteurs hispanophones contemporains et émergents constitue sa principale activité. Il amorce cette activité en 2003 avec Juan Mayorga aux AET d’Orléans (Le Traducteur de Blumemberg). Puis il traduit Les Racines coupées et L’Architecte et l’Horloger de Jerónimo López Mozo, Temps réel d’Albert Mestres, Barbarie, 45’ de Sergio Blanco (Kiev, Opus sextum, Diptiko).
Tous les ans, il est invité à participer aux séances de travail sur la traduction mises en place par la Muestra de Alicante et à différentes journées professionnelles sur la traduction théâtrale pour le théâtre d’aujourd’hui.
Il fait partie du comité exécutif du P.E.N club français, et il y préside le Comité pour la Traduction et la diversité linguistique. Il co-coordonne le Comité hispanique du réseau EURODRAM dont il est vice-président.
En 2010, il a dirigé l’ouvrage Théâtre espagnol : les écritures émergentes – Ed. de l’Amandier, en 2010. En 2013, il traduit et publie quatre auteurs mexicains dans le cadre de France-Mexique : écrire le théâtre aujourd’hui (Veronica Musalem, Itzel Lara, Noé Morales et Alberto Villarreal). Une présentation performative (MGI — 2013, Paris) marque la singularité de sa conception de traducteur. En outre, il a traduit trois textes de Luis Ayhllon (Mexique).
Dans le domaine de l’enseignement, il s’interroge sur les multiples formes du théâtre contemporain. Il enseigne la dramaturgie à l’EnsaLab (ENSAD), à l’Institut Télécom – Paris et à l’ESCPI-Paris. Il développe de nombreux workshops sur l’écriture, notamment avec l’Instituto Cervantes. Il a co-créé le cursus Maquette & Sculpture numérique (Strate, École de design (2004-2012) et le pôle Écriture.